Scènes et représentations murales


Une des particularités du temple égyptien est de posséder des murs recouverts d’inscriptions, mais également de scènes. Ces scènes permettent à qui sait les décrypter de retracer des éléments du culte divin, des fêtes ou tout autres activités en relation avec la divinité ou le temple.

Tout d’abord, il paraît nécessaire d’énoncer quelques principes de la pensée égyptienne qui peuvent justifier les inscriptions et scènes des temples de l’Egypte ancienne. En effet, pour un égyptien de l’Antiquité, ou tout du moins pour un érudit, ce qui est écrit sur la pierre – un matériau d’éternité – est sensé prendre vie. Ainsi, une représentation d’offrande garantie-t-elle cette offrande pour l’éternité, et ce, quoi qu’il advienne. C’est ce même principe qui régit également l’écriture de textes hiéroglyphiques. Les signes étant supposés capables de prendre vie, on représente les êtres « maléfiques » (notamment les serpents, avatars d’Apophis) avec des couteaux dans leur chair ou bien décapités. Ces principes énoncés, il semble normal que les égyptiens aient souhaités garantir pour l’éternité les étapes du culte divin.

Les représentations égyptiennes se divisent en deux parties : la scène en elle-même, avec les personnages (dieux, prêtres ou rois) et les légendes identifiant chacun des personnages et leurs actions.

La scène :

La scène est en général délimitée dans l’espace, c'est-à-dire que les personnages sont représentés sur la Terre (« Ta » en égyptien) et sous le Ciel (« Pèt ») parfois étoilé. Pour soutenir le ciel et ainsi écarter celui-ci de la Terre, rien de tel que le sceptre Ouas, dont le nom signifie « pouvoir ».

L’Univers égyptien étant ainsi défini, les personnages pouvaient prendre place, garantissant ainsi – comme nous l’avons vu – la stabilité de l’Univers pour un temps indéfini.

Le cadre d'une scène égyptienne.

Dans tous les cas ou presque, la scène comporte une représentation d’un divinité. Bien souvent, il s’agit de la divinité principale du lieu de culte, accompagnée ou non d’autres divinités en relation avec elle. Bien sûr, les reliefs suivent les conventions du fameux profil égyptien et les représentations divines n’y font pas exception.

Un dieu ou une déesse peut être identifié par sa parure, sa couronne. Amon Rê par exemple est souvent représenté avec une couronne caractéristique composée de deux hautes plumes plantés dans un mortier, Rê a la tête surmontée d’un disque solaire et Hathor de deux cornes de vaches enserrant un disque solaire. Si certains dieux possèdent un visage anthropomorphe, certains possèdent un visage zoomorphe qui peut aider à les reconnaître, Anubis a ainsi une tête de chacal, Horus une tête de faucon, Thot une tête d’Ibis, etc.

Certaines divinités peuvent être représentées sur des trônes ou même sous des dais, symbolisant alors leur temple ou leur palais. Bien souvent, les dieux ont en main quelques objets, comme la croix de vie ou le sceptre Ouas.


Un prêtre, ou le Roi, peuvent être amenés à effectuer des offrandes aux dieux. Représentés de nombreuses fois sur les murs des temples, sont identifiables par leur couronnes, le Némès, mais aussi la couronne Rouge, la Blanche ou le Pschent. Souvent debout ou accroupis en signe de soumission, les souverains ne se présentent pas les mains vides et font offrandes aux divinités ou effectuent une purification. Bon nombre d’offrandes existent, on peut les distinguer par leur représentation. Les vases de vin, ronds, sont facilement identifiables et on pourra facilement identifier des morceaux de viande sur un présentoir. D’autres offrandes, au contraire, pourront être plus difficiles à repérer, les étoffes par exemple. Quant à la purification, la représentation de vases desquels sort de l’eau, représentée par une ligne brisée, on peut aussi repérer le Roi entrain d’encenser la divinité à l’aide d’un encensoir (certaines scènes du Nouvel Empire représentent même les boules d’encens en mouvement, de la main du Roi à l’encensoir).

Représentation du temple de Deir el Medineh.
Anubis (à gauche) sur son trône reçoit les offrandes du Roi (à droite).

La légende :

Pour comprendre une scène, la légende est extrêmement utile. En effet, la scène peut parfois s’avérer obscure, mais certains réflexes permettent de dégager rapidement les personnages de l’action par exemple. Traditionnellement, le nom du roi est inscrit dans un cartouche, ce qui permet de le réparer facilement au travers du texte, et celui-ci est inscrit au dessus du Roi. Des formules diverses accompagnent ce nom, comme par exemple : « Le Roi de Haute et Basse Egypte » ou « Le maître des Deux Terres », et le nom est généralement suivit de « Doué de vie comme Rê ».

Le titre « Doué de vie comme Rê » à prononcer « Dou ankh mi Râ ».

Les noms des divinités sont également inscrits au dessus de leur tête mais plus difficiles à repérer car ils ne sont pas entourés d’un cartouche. Pour repérer le nom d’une divinité dans un texte, une méthode consiste à repérer une formule commune : « Parole dites par » ou « Paroles à prononcer » qui précède bien souvent le nom d’une divinité.

La formule « Paroles à prononcer » permettant de repérer le nom d’une divinité.

Le nom divin est accompagné de bons nombres d’épithètes particuliers qui permettent également d’isoler un dieu en particulier. En général, les épithètes choisies dans le texte sont en rapports avec l’action de la scène. Après l’énonciation des épithètes divines, l’action qu’il effectue est décrite, elle se résume bien souvent à « Il donne toute vie, tout pouvoir et toute stabilité ».

Les actions du Roi, quant à elles, sont écrites juste à côté de leur représentation. Par exemple, la description de l’offrande sera écrite juste à côté de celle-ci. En règle générale, ces légendes sont à l’infinitif comme par exemple : « Donner du vin ».



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Le Roi faisant offrande. La légende de l'offrande est à droite, et le nom du roi en haut à droite. (Photo de l'auteur)

Un encensoir et la main royale y jettant des boules d'encens. (Photo de l'auteur)

Offrande de deux vases de vin par le Roi. (Photo de l'auteur)

Déesse tenant en main la croix de vie et protégeant de l'autre main son divin époux. (Photo de l'auteur)



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