Architecture du Nouvel Empire - La dix-huitième dynastie


Le Nouvel Empire succède à la Deuxième Période Intermédiaire (DPI), qui le sépare du Moyen Empire d'environ 250 ans. Le Nouvel Empire lui-même s'étend sur environ 500 ans, de 1550 avant Jésus Christ à environ 1000 av. J-C. D'un point de vue architectural, comme d'un point de vue historique, il peut être divisé en trois périodes : la période pré-amarnienne, jusqu'aux environs de 1350 ; la période amarnienne, d'une durée d'une vingtaine d'années ; et la période post amarnienne ou ramesside.

Politiquement et économiquement, le Nouvel Empire est une période de prospérité intérieure et d'extension : forts de leur victoire contre les "envahisseurs" Hyksos, les souverains thébains repoussent les frontières de leur Empire. Le pouvoir égyptien atteint le royaume de Koush très au sud, et s'étend jusqu'à Byblos au nord-est. Les richesses qu'engendrent ces conquêtes sont plus que jamais destinées aux temples et nombre d'entre eux s'agrandissent.

Cette page traite de l'architecture du Nouvel Empire pendant la dix-huitième dynastie, c'est à dire la période pré-amarnienne.

L'inspiration classique

Au début du Nouvel Empire, les souverains souhaitent effacer le souvenir de deux siècles d'invasion Hyksos et puisent ainsi leur références architecturales dans le Moyen Empire. Âhmosis ne va ainsi cesser de prendre exemple sur les souverains passés : il sera le dernier roi à se faire construire une pyramide.

Le temple de Deir el-Bahari, construit par Hatshepsout, s'inspire directement de son voisin originaire du Moyen Empire. (Photo : Hedwig Storch)

On retrouve ainsi dans bon nombre de productions les principes du Moyen Empire : le temple "funéaire" d'Hatshepsout à Deir el-Bahari est ainsi fortement inspiré par celui de Mountouhotep qui lui est adjacent. De même, la construction d'Hatshepsout et Thoutmosis III à Medinet Habou reprend elle les principes d'organisation du Moyen Empire avec un socle érigé de piliers carrés qui n'est pas sans rappeler l'architecture de la Chapelle Blanche à Karnak.

Des nouveautés architecturales

Le pylône est semble-t-il déjà connu depuis l'Ancien Empire, cependant, son usage devient de plus en plus important au cours de la première partie du Nouvel Empire. Les constructions des différentes enceintes du temple de Karnak comprennent toutes un pylône de dimension croissante. Au fur et à mesure de l'avancée dans le Nouvel Empire, on remarque qu'il passe de simple encadrement de porte inclus dans une façade au statut de façade complète : les murs du temple ne viennent plus alors l'enserrer, mais simplement se greffer derrière lui.

Le pylône au début du Nouvel Empire en haut : il est inclus dans la façade. En bas, son utilisation au début de la période Ramesside : il constitue toute la façade.

Cette évolution de l'usage du pylône s'accompagne d'une homogénéisation des plans de temples : l'organisation en pylône suivi d'une cours, d'une salle hypostyle, d'un reposoir de barque puis du naos s'impose petit à petit.

Sous le règne d'Hatshepsout se généralise l'utilisation du grès comme matériau de construction, supplantant ainsi le calcaire, plus fin mais provenant de carrières plus lointaines. Le grès dit "nubien", principalement issu des carrières de Gebel Silsileh, à 160 kilomètres au sud de Louxor restera le matériau privilégié de construction jusqu'à la fin de l'Egypte pharaonique.

Le temple "de millions d'années"

Les temples "de millions d'années", encore appelé "temple funéraire" ou "temple de culte royal", forment un nouveau type de temple, principalement construit sur la rive ouest de Thèbes. Leur construction est une conséquence d'une évolution des croyances et habitudes funéraires au Nouvel Empire. Auparavant, le souverain se faisait inhumer dans une pyramide au pied duquel se trouvait un complexe funéraire en deux parties (le temple haut et le temple bas, dans la vallée). Rapidement, les souverains du Nouvel Empire se font inhumer dans une sépulture creusée dans la Vallée des Rois. Leur culte, qui ne peut être rendu dans cette vallée désertique, est ainsi séparé de leur sépulture. Ainsi est né ce concept de temple de millions d'années.

Les colosses de Memnon, représentant le roi Amenhotep III, sont les seuls vestiges de l'immense temple de millions d'années que celui-ci s'était fait construire. (Photo : Paul François)

Le temple de Deir el-Bahari est un bon exemple de ces premiers édifices, qui vont évoluer jusqu'à atteindre le gigantisme du complexe d'Amenhotep III : mêlant culte du roi et culte divin, il ne reste aujourd'hui de cet édifice que les deux colosses dits "de Memnon" qui en encadraient l'entrée. Ils sont les témoins de la qualité et de l'importance des productions architecturales et artistiques sous le règne de ce roi.

Le contrôle de la Nubie

Le contrôle de la Nubie passe pour les souverains du Nouvel Empire d'une part par le renforcement des forteresses mais également par l'instauration d'une présence divine via la construction de temples de culte - divin ou royal. Tous les souverains de cette période ont laissé des traces d'activité sur les sites de Nubie : Bouhen, Qasr Ibrim, Semnah, Napata, Ouadi Halfa, Amadah.

La construction des temples permet d'instaurer une protection divine de ces régions qui sont souvent amenées à se soulever contre le pouvoir royal, mais également à apporter la civilisation égyptienne aux populations locales. Ces constructions s'accompagnent d'innovations ou de généralisations architecturales : Hatshepsout crée ainsi le premier édifice péristyle (le temple est entouré d'une colonnade) d'Egypte à Bouhen. Enfin, même si son utilisation se généralisera surtout pendant la période Ramesside, le spéos (temple creusé dans la roche) se développe.



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