Architecture du Moyen Empire


Le Moyen Empire (situé aux environs de 2000 à 1650 avant Jésus Christ) est une période de grande prospérité. Séparée de l'Ancien Empire par la première période intermédiaire, marquée par les guerres de clans au sein de l'empire égyptien, cette période hérite du glorieux héritage technique de l'époque des grandes pyramides, sans pour autant oublier de créer son propre raffinement dans ses oeuvres artistiques ou architecturales. L'évolution du culte funéraire et l'apparition de très nombreux nouveaux temples, ainsi que le développement de nouvelles régions comme la Nubie et le Fayoum auraient pu laisser bien plus de vestiges que les périodes précédentes. Cependant, le développement futur de ces mêmes zones de culte et le remplacement des monuments détériorés par les souverains suivant le nombre de restes architecturaux de cette époque.

De l'ordre...

Le classicisme architectural du Nouvel Empire est principalement marqué par l'application presque systématique de règles de symétrie aux plans de temples. Le plan du temple affiche ainsi souvent une symétrie axiale, dont l'axe correspond à l'axe du temple. Mieux encore, la Chapelle Blanche affiche même une symétrie centrale (qui peut être interprétée simplement comme la superposition de deux symétries à axes perpendiculaires).

Vue de dessus de la Chapelle Blanche montrant les deux axes de symétrie formant une symétrie centrale. (reconstitution : Paul François)

Au delà de l'organisation symétrique des monuments, l'utilisation de la pierre pour la construction tend à se généraliser ce qui dénote que ce matériau, autrefois destiné à la construction des monuments funéraires du souverain, est maintenant particulièrement utilisé dans les monuments de culte (il tend même à déserter les chantiers des pyramides, construites dorénavant sur un noyau de briques). Sans doute une nouvelle vision du culte a-t-elle, à cette période, favorisé les dieux plutôt que le souverain. Ainsi, des monuments de taille réduite, ne dépassant pas les dix mètres en longueur ou en largeur, ont-ils étés construits en pierre, alors que ce type de temple de moindre importance devait autrefois se contenter de briques.

Globalement, l'organisation du temple se développe. Elle contient maintenant une cour, sur laquelle s'ouvre une salle hypostyle, précédant le sanctuaire et ses salles environnantes. Les temples du Nouvel Empire reprendront cette organisation pour l'améliorer encore, mais la présence d'un cour à l'avant du temple, capable de contenir une certaine partie de la population pendant des fêtes et cérémonies publiques dénote encore une évolution du culte vers quelque chose de théoriquement plus ouvert au simple égyptien.

...et de l'élégance

Le Moyen Empire semble être témoins d'une sorte de redécouverte des possibilités de la pierre. Autrefois utilisée sous forme de blocs monolithiques dont l'encombrement et la masse devait freiner leur mise en place, l'appareil utilisé au Moyen Empire inclut de plus petits modules. Cette réduction de la taille se retrouve dans la finesse des éléments employés, et notamment d'un élément qui sera employé à outrance dans l'architecture de cette période : le pilier. Le pilier trouve son origine dans les périodes précédentes (c'est la façon la plus simple de soutenir un plafond, contrairement à la colonne qui demande une technique de taille plus développée) mais devient un élément central de l'architecture. Et pour cause, il permet à la fois de disposer d'un espace maximal pour la décoration et les textes, et peut offrir un appui idéal pour des statues.

Le pilier osiriaque, qui est constitué d'une statue du roi debout en Osiris, accolé à un pilier, est en effet attesté à Karnak à cette époque, sur la façade du temple que fit construire Sesostris Ier dans ce que l'on appelle aujourd'hui Cour du Moyen Empire. Le Moyen Empire innove également avec de nouveaux types de temples, comme le temple de Mountouhotep II à Deir el-Bahari, organisé sous forme de terrasses successives et qui a sans doute inspiré le temple d'Hatshepsout.

L'élégance se retrouve également dans les textes et les figures gravées ou peintes sur les parois des édifices. Dans de nombreux cas, chaque hiéroglyphe est une véritable oeuvre d'art à part entière et les reliefs sont particulièrement bien soignés. Le nombre important de détails dans la plupart des figurations, associé à la technique du bas relief, dénote une capacité de main-d'oeuvre particulièrement importante surtout dans le cadre de nombreuses constructions simultanées et parfois bien éloignées du centre du pouvoir.

Détails des scènes de la Chapelle Blanche à Karnak. (Photo : Vincent Euverte)

Le développement de la Nubie et du Fayoum

Les souverains du Moyen Empire augmentent leur mainmise sur les territoires de Nubie et pour conforter leur pouvoir font construire des forteresses le long du Nil. Afin d'assurer une protection divine à ces régions, certains temples sont bâtis à l'intérieur des forteresses, comme c'est le cas à Bouhen. Sesostris II, lui, développe une région de la vallée du Nil autrefois délaissée : le Fayoum. Cette région marécageuse est ainsi développée afin d'augmenter la capacité agricole de l'Egypte. Sont alors bâties plusieurs villes accompagnées de leurs sanctuaires.

Il ne reste pourtant que peu de vestiges du Moyen Empire. Et pour cause, les sanctuaires fondés par les souverains de cette période vont continuer à se développer et à rayonner pendant plusieurs siècles. Rois après rois, certains monuments sont reconstruits, remplacés ou simplement détruits, notamment par les monarques du Nouvel Empire qui chercheront à effacer les traces de l'invasion Hyksôs et de la seconde période intermédiaire. De plus, les matériaux particulièrement fragile des constructions - avec une abondance de monuments en calcaire, suffisamment fin pour supporter les reliefs soignés - sera une proie intéressante pour les ateliers de chaux dans l'Egypte musulmane.



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