Petit Temple d'Abou Simbel
A droite du ‘grand temple’ de Ramsès II se trouve une façade servant d’entrée à un complexe nettement plus petit : le ‘petit’ temple ou ‘temple de Nefertari’, consacré à la déesse Hathor et à l’épouse du roi Ramsès II.
La façade.
La façade du temple (photo de l'auteur).
Si l’organisation de la façade en forme de pylône avec une porte centrale et des colosses de chaque côté rappelle le grand temple, l’organisation des sculptures est bien différente. Ce sont six sculptures de quelques dix mètres de haut qui font face au visiteur entrant et qui représentent alternativement le roi et deux princes, puis la reine et deux princesses, et à nouveau le roi. La disposition se répète par symétrie à droite de l’entrée, même si le colosse d’extrême droite est couronné de deux plumes encadrant un disque solaire sur deux cornes de bélier. Le roi, vêtu d’un simple pagne rituel et torse nu porte la couronne blanche aux deux extrémités de la façade et la double couronne ou pschent au centre (comme dans la salle hypostyle du grand temple, à l’opposition habituelle couronne blanche/couronne rouge a succédé l’opposition couronne blanche/pschent, peut être pour des raisons pratiques, la couronne rouge étant visiblement plus délicate à sculpter), tandis que la reine, sous les traits d’Hathor avec les couronnes de vaches caractéristiques, arbore une robe moulante et tient dans la main un sistre hathorique. D’emblée, la reine est affichée comme déesse, rappelant ainsi la divinisation de Ramsès dans le grand temple.
Chaque statue est légendée par un texte vertical à leur gauche pour les statues de gauche ou à leur droite pour les statues de droite. Les deux statues centrales ont reçu un nom, comme traditionnellement, inscrit au dessus de leur tête : « Soleil des Princes, aimé d’Atoum » pour le colosse de droite, et « Prince des deux terres, aimé d’Amon » pour le colosse de gauche.
La porte, noyée dans la masse imposante des statues et de la façade en général, apparaît encadrée de deux colonnes de texte proclamant : « Le dieu parfait, maître des deux terres, Ousermaâtrê Setepenrê, aimé d’Amon-Rê. » pour le montant gauche et « Le dieu parfait, maître des deux terres, Ousermaâtrê Setepenrê, aimé d’Horus-maître-de-Meha. ». Le linteau de la porte est gravé d’une scène d’offrande de Ramsès pour Amon à gauche et Horus à droite.
La salle hypostyle.
L'intérieur de la salle hypsotyle et ses piliers (photo : Simone Gonzales).
La porte de la façade donne accès à un petit couloir d’une longueur de trois mètres où deux scènes d’offrandes se font face : le roi à gauche et la reine à droite font offrande à Hathor, la maîtresse du lieu. De plus, on a au plafond deux jeux différents d’épithètes royaux. La reine est ainsi désignée en ces termes à gauche :
« Le Roi de Haute et Basse Egypte Ousermaâtrê Setepenrê, son aimé, l’épouse royale Nefertari Meremout, aimée d’Hathor, douée de vie. »
Alors qu’elle est « aimée d’Isis » à droite. Même chose pour le roi, « aimé d’Amon » à gauche et « aimé de Thot » à droite.
On accède enfin à la salle hypostyle qui reprend l’organisation de celle du grand temple d’Abou Simbel. Six piliers carrés soutiennent le plafond de la salle hypostyle, leur face tournée vers le centre de la salle est décorée d’une intéressante figure hathorique. On distingue ainsi parfaitement le visage de la déesse caractérisé par ses oreilles de vaches et le naos qu’elle porte sur la tête, ainsi que par la perruque recourbée. Sous chaque visage, trois colonnes de texte s’étendent.
La colonne de texte du côté de l’entrée annonce l’épithète de la reine :
« La grande épouse royale, son aimée [à Ramsès II], Nefertari Meremout, aimée d’Hathor, qu’elle vie éternellement ! »
La colonne centrale est un texte d’offrande et commence systématiquement par :
« Offrande que fait le roi à ... »
Enfin, la colonne du côté du sanctuaire annonce l’épithète royale :
« Le Roi de Haute et Basse Egypte, le maître des deux terres, le maître de l’accomplissement des rites, Ousermaâtrê Setepenrê, aimé d’Amon-Rê, doué de vie pour l’éternité. »
Notez que les divinités énoncées sont différentes à chaque pilier, tout comme les épithètes du roi.
Sur les trois autres faces des piliers sont dessinées des divinités aussi diverses qu’Horus, Maât, Thot, Mout, Khnoum, Khonsou, Isis, sans oublier Nefertari et Ramsès II eux-mêmes.
Au revers de l’entrée, à la même place que dans le grand temple, se trouvent symétriquement à l’axe du temple deux scènes de massacre d’ennemis par Ramsès II devant Amon pour la partie sud et Horus de Meha pour la partie nord. Dans les deux cas, le roi est suivi par la reine Nefertari qui le soutien et le protège par son geste de la main. La plupart des scènes de la salle hypostyle sont des scènes d’offrande, mais une scène se détache des autres : le couronnement de Ramsès II par Horus et Seth, représentants de la Basse et Haute Egypte, sur le mur sud.
Le mur du fond de la salle hypostyle est percé de trois portes donnant toutes les trois à un vestibule. Ces trois séparées par une scène d’offrande de Nefertari à Mout à droite et à Hathor à gauche. Les deux portes latérales reprennent les épithètes royales pour le jambage tandis qu’au non du roi s’ajoute celui de la reine sur leur linteau. La porte centrale est plus soignée et présente le roi portant la couronne blanche sur le jambage gauche et la couronne rouge sur le jambage droit. Chacune des portes est surmontée d’un Béhédet, assurant sa protection.
Le vestibule.
Le vestibule est accessible via les trois portes de la salle hypostyle et se présente comme une pièce oblongue dont la paroi du fond est à nouveau percée de trois portes. Toutes les scènes murales sauf une représentent des scènes d’offrandes à diverses divinités par le roi, accompagné ou non de la reine, voir par la reine, seule. Une scène est remarquable, c’est le pendant de la scène de couronnement de Ramsès II dans la salle hypostyle : le couronnement de Nefertari en tant que reine. Scène unique dans l’histoire égyptienne, elle mérite qu’on s’y attarde. La reine, élégante, tient la clef de vie comme les deux déesses qui l’entoure et le sceptre souple représentatifs de son rôle. Elle porte également la couronne caractéristique des reines d’Egypte. La reine est donc clairement représentée comme autant humaine que divine, tout comme avait été représenté Ramsès dans le grand temple d’Abou Simbel. Les deux déesses qui couronnent la reine sont Isis et Hathor, figurées identiques.
Les deux portes latérales présentent une décoration similaire : deux cartouches de Ramsès II et Nefertari entourent la porte dont les jambages et le linteau reprennent les épithètes du roi. Au dessus, une scène d’offrande de la reine – pour la porte gauche – ou du roi – pour la porte droite – à Hathor, figurée comme une vache, sortant de fourrés de papyrus sur une barque.
La porte centrale est typique des temples, avec sa corniche à gorge surplombant le linteau – c’est l’unique porte du temple à posséder une corniche – elle-même surplombée par les épithètes de Nefertari :
« L’épouse royale Nefertari Meremout, quelle vive ! »
Les jambages figurent le roi coiffé du khepresh à gauche et du pschent à droite accueillant le visiteur, tandis que le linteau figure une double scène d’offrande où Ramsès et Nefertari font offrande à Mout et à Hathor.
Le sanctuaire.
Le sanctuaire est une petite pièce, entièrement décorée. Le mur gauche est une scène d’offrande de Nefertari à Mout et Hathor. Le mur droit, bien que de composition similaire, est plus intéressant car montre Ramsès II faisant des offrandes et l’encensement pour lui-même et son épouse divinisés.
Le mur du fond présente une statue de la déesse Hathor sous forme de vache poussant devant elle le roi, figuré de face. Toute la scène est gravée dans une niche soutenue par deux sistres hathoriques qui figurent un naos. Cette niche est désaxée par rapport à la paroi mais se trouve bien alignée par rapport aux portes du temple. L’espace disponible à gauche est donc comblé par un relief de Ramsès II apportant des offrandes à la déesse.
Le revers de la porte montre deux génies surmontés par l’épithète de Nefertari.
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Une des statues de la façade (photo de l'auteur).
Le couronnement de Ramsès II (photo : Simone Gonzales).
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