La Chapelle Blanche est un monument du temple d’Amon à Karnak, retrouvé démantelé dans les fondations du troisième pylône, construit par Sésostris premier. Le monument a été découvert entre 1927 et 1937 puis reconstruit dans le musée à ciel ouvert de Karnak, loin de son emplacement d’origine, lui-même incertain.
La Chapelle Blanche au musée en plein air de Karnak (Photo © Vincent Euverte).
La Chapelle Blanche est un carré d’environ 6,54 mètres de côté (soit environ 12 coudées, 4 paumes), avec deux rampes opposées, permettant d’accéder à la hauteur du socle (environ 1,20 mètre, soit environ 2 coudées, 2 paumes), d’une longueur approximative de 5 mètres (soit environ 9 coudées, 4 paumes). Les deux rampes sont composées de marches réparties de part et d’autre d’un plan incliné – contrairement aux rampes de Deir el-Bahari qui comportent des marches centrales et deux plans inclinés adjacents – avec un léger parapet au sommet arrondis.
Le plan de la chapelle blanche est strictement symétrique par rapport à deux axes, le premier étant défini par les rampes, le second perpendiculaire à celui-ci et passant par le centre de la chapelle (le plan admet donc le centre de la Chapelle comme centre de symétrique). Cette organisation donne à l’ensemble une pureté typique du Moyen Empire.
Plan de la chapelle, les deux axes de symétrie sont en rouge (reconstitution par l'auteur).
Ce sont 16 piliers rectangulaires qui soutiennent le plafond de la chapelle. Les piliers les plus près des rampes sont beaucoup plus longs (rapport longueur/largeur : 1,5) que les piliers centraux. L’ensemble est entouré d’un parapet, plus important que celui des rampes, à sommet arrondis, rappelant les murs d’enceinte des sanctuaires primitifs1 et des pyramides2.
Ces piliers soutiennent des linteaux, dont le sens définit trois nefs – dans le sens de la longueur – et qui permettent de soutenir les grandes dalles du toit. Celui-ci est équipé d’une gargouille afin d’évacuer les eaux de pluies qui y étaient guidées par la légère pente du toit.
Profil et façade de la chapelle (reconstitution par l'auteur).
La quasi-totalité de la décoration de la chapelle est en surélévation par rapport au fond des bas reliefs – technique habituellement réservée aux espaces intérieurs bénéficiant de peu de lumière –, alors que les textes qui entourent les deux portes et ceux des parapets entourant le monument sont en reliefs en creux, caractéristiques des espaces extérieurs. Tout se passe comme si les piliers se trouvaient à l’intérieur d’une salle fermée par des murs, réduits à l’état de parapets, et communiquant avec l’extérieur par des portes.
Porte de la chapelle (Photo © Vincent Euverte).
Cette fusion des murs avec les bords des piliers est également marquée par les portes qui, contrairement à la normale, ne sont pas dotées de scènes caractéristiques sur les trois côtés intérieurs des piliers qui les portent. On s’attendrait en effet à un décor spécifique au moins sur les faces tournées vers la nef centrale de la chapelle, mais il n’en est rien.
La décoration des piliers de la chapelle est classique, il s’agit de scènes d’offrandes, de l’accueil du roi par des divinités, d’adoration, etc. principalement devant Amon.Les parapets extérieurs de la chapelle sont décorés de listes de nomes, les nomes du Nord sur la face Nord et ceux du Sud sur la face Sud.
Paul Barguet voit dans la Chapelle Blanche le siège d’intronisation d’Amon où le roi « va recevoir d’Amon le pouvoir divin qui lui permettra (...) de voir le dieu dans son horizon »