Entrée du temple


La première chose qu'un visiteur de l'antiquité pouvait voir d'un temple classique, un temple "idéal", c'est le débarcadère ou tribune. Cette structure permettait aux barques divines et également - on peut le penser - aux bateaux des hauts personnages, d'accoster devant l'entrée du temple afin de permettre un déplacement entre plusieurs sanctuaires dans le cas de la barque divine. En effet, le Nil reste pendant toute l'histoire égyptienne un moyen privilégié de transport. Ce débarcadère se présente sous la forme d'une plate forme surélevée, entourée d'un parapet, à laquelle on accède par une rampe en pente douce et sur laquelle pouvait être placé un socle reposoir pour y déposer la barque - plus petite - de culte. Il était souvent construit à l'extrémité d'un canal en forme de T qui formait une sorte de lac artificiel à son extrémité, permettant ainsi les diverses opérations nécessaires au déplacement des barques.

Débarcadère vu de profil :
A - Niveau de terre aux alentours du fleuve ou du lac artificiel
B - Plate forme du débarcadère
C - Parapets
D - Rampe en pente douce
© Paul François.

Depuis la rampe du débarcadère jusqu'à la porte du temple s'étend une allée pavée, bordée à gauche et à droite de sphinx : le dromos. Les sphinx, dont la tête peut être très différente d'un temple à l'autre, principalement en fonction de la divinité adorée, protègent parfois de leur deux pattes une statue du roi, c'est du moins le cas sur certains Sphinx de Karnak. Les statues elle-mêmes sont posées sur des socles surmontés d'une corniche à gorge et ont un rôle protecteur. Si l'on peut considérer le débarcadère comme l'évolution du temple de la vallée dans le complexe funéraire de l'Ancien Empire ou dans les temples solaires très proches, le dromos apparaît rapidement comme étant l'évolution de la chaussée couverte qui reliait le temple haut, le lieu de culte proprement dit, au temple de la vallée.

Enfilade de sphinx aux abords de l'entrée du temple d'Amon à Karnak. (Photo de l'auteur)

Immédiatement devant le pylône, se tenaient généralement des paires de statues, réparties symétriquement par rapport à l'axe du temple. Elle représentaient bien souvent le roi, qui d'une part dispensait sa protection au temple et d'autre part manifestait sa piété envers la divinité, mais on trouve également des exemples de représentations divines, comme à Edfou où Horus faucon accueille le visiteur. Fréquents surtout au Nouvel Empire, des paires d'obélisques étaient également érigées devant l'entrée du temple. La complexité de cette érection et les récits de celles-ci sur des monuments laissent croire que les obélisques étaient des monuments tout à fait exceptionnels manifestant une piété toute particulière envers une divinité.

Il faut comprendre le double rôle que devaient tenir chacun de ces éléments : d'une part ils manifestaient la puissance du temple, mais également celle du constructeur, le roi en personne. Le souverain manifestait réellement sa présence en érigeant ce genre de monuments qu'il construisait, certes à la gloire d'une divinité, mais également à sa propre gloire. D'autre part, l'ensemble devait jouer un rôle magique certain : la protection assurée de l'entrée du temple. Le regard persant du roi devait empêcher les ennemis (qu'ils soient physiques ou irréels) de pénétrer le lieu saint. L'obélisque, rayon de soleil figé apportait la bénédiction au temple.

Vient ensuite l'entrée proprement dite du temple. Il s'agit d'une porte - bien souvent d'un pylône - incluse dans le mur d'enceinte en briques crues du sanctuaire. La forme du pylône, constituée de deux môles trapézoïdaux rejoins par le linteau de la porte (située au centre, cf. la page sur l'architecture du pylône) n'est pas sans rappeler le signe hiéroglyphique N26, représentant une vallée entre deux collines. Le matin, lorsque le soleil se levait, et parce que les portes des temples sont généralement orientées vers l'Ouest, celui-ci devait apparaître entre les môles et formait alors le signe N27 signifiant l'horizon. D'emblée, le rapport entre le temple et la course solaire ainsi que la lumière était mis en valeur.

Les hiéroglyphes N26 à droite et N27 à gauche.

Cette gigantesque porte n'est pas sans rappeler une tour d'un fort. Et pour cause, elle servait de par son rôle physique et cultuel à protéger le temple contre les attaques extérieures, quelles soient réelles ou imaginaires : les puissances du chaos devaient sans cesse être repoussées pour garantir l'équilibre du monde. Il reste bien souvent de cette utilité défensive des pylônes les représentations de batailles qui en ornent les parois, comme la Bataille de Qadesh sur le pylône du Ramesseum. Le pylône est rainuré sur chaque môle d'un nombre égal de "rectangles" qui servaient autrefois à y fixer des oriflammes, sortes de perches au bout desquelles était accroché un ruban qui indiquait la présence d’une divinité. Ces oriflammes pouvaient atteindre une hauteur de soixante mètres pour un poids de cinq tonnes.

D’après la tradition, les portes proprement dites étaient composées de deux battants de bois comme le Cèdre du Liban, recouverts de métaux plus ou moins précieux.



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Pylone de Medinet Habou

Premier pylône du temple de Medinet-Habou. (Photo de l'auteur)

Obélisque de Karnak

Sommet d'un des obélisques de Karnak. (Photo de l'auteur)

Colosses de Memnom

Les Colosses de Memnon marquaient l'entrée du temple d'Aménophis III. (Photo de l'auteur)

Pylone de Louxor

Pylône de Louxor avec tous les éléments habituels. (Photo de l’auteur)

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